Des condamnés libérés à Dreux, l'opposition critique Taubira
PARIS (Reuters) - L'UMP a estimé lundi que la remise en liberté de trois délinquants, faute de places de prison disponibles pour exécuter leurs peines, était la conséquence directe de la politique pénale de la ministre de la Justice.
L'opposition de droite multiplie depuis le week-end ses attaques contre Christiane Taubira la suite de cette affaire survenue en fin de semaine dernière Dreux (Eure-et-Loir), où trois petits délinquants ont été relâchés faute de places disponibles la prison de Chartres.
"Ce n'est pas une décision isolée, ce n'est pas le fait d'un procureur qui dans son coin aurait pris cette décision, c'est la conséquence directe de la politique que conduit le gouvernement et que conduit la garde des Sceaux", a dit le député UMP Eric Ciotti sur France 2.
"C'est une politique irresponsable, dangereuse et, je le dis très clairement, cette politique de Mme Taubira met en péril le pacte républicain", a-t-il ajouté.
Le député filloniste des Alpes-Maritimes y voit la conséquence de la circulaire de politique pénale de septembre 2012 dans laquelle la ministre a, selon lui, donné des "instructions écrites aux procureurs de la République pour dire que le recours la prison ferme doit désormais être l'exception."
"C'est totalement irresponsable", a-t-il poursuivi, en demandant François Hollande de prendre des dispositions "dès aujourd'hui pour abroger cette circulaire scélérate".
PAS DE LAXISME, POUR LE PS
Sur Europe 1, le président du groupe socialiste l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a déclaré attendre "des explications sur cette affaire qui n'est pas normale".
Il a rappelé que le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait apporté son soutien aux policiers qui l'ont dénoncée et que Christiane Taubira avait demandé des éclaircissements.
La ministre de la Justice a indiqué samedi dans un communiqué avoir demandé au parquet général de la cour d'appel de Versailles de "bien vouloir lui rendre des comptes des conditions dans lesquelles le parquet de Chartres a été amené prendre cette décision."
"Il n'y a pas le moindre laxisme", a dit Bruno Le Roux en mettant en cause l'état dans lequel le gouvernement a d'après lui "trouvé les prisons il y a un an, avec une surpopulation carcérale."
L'ancien ministre UMP du Logement, Benoist Apparu, a jugé le dossier "scandaleux parce que le message que nous adressons aux délinquants est catastrophique" et mis en cause l'arrêt du programme de constructions de place de prisons supplémentaires par le gouvernement.
Interrogée sur BFM TV, l'ex-ministre de la Justice Rachida Dati a estimé de même que "ça se passe tous les jours depuis que Mme Taubira a décidé de ne plus construire de places de prison de manière idéologique".
"Ne pas construire de places de prison, ça permet aux voyous d'agir en toute impunité", a-t-elle dit.
Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse